Charles Vassallo
Affinity Photo est un excellent logiciel à tout faire pour le post-traitement des images et le photomontage, et ce pour pas cher — environ 10 fois moins que Photoshop (en gros, une mise à jour majeure payante de 75 € tous les 5 ans contre un loyer annuel de 150 €). Cependant, même si on n’en parle pas souvent, il traîne quelques faiblesses embêtantes. Le débouchage des tons foncés en est une.
C’est très ennuyeux parce que c’est tout de même une fonction majeure dans le post-traitement. Quand on explique aux photographes débutants qu’une surexposition est toujours irrémédiable tandis qu’on peut toujours (ou presque) rattraper une sous-exposition, et donc qu’il faut poser pour les tons clairs plutôt que pour les tons sombres, il est inévitable que ces derniers soient souvent sous-exposés et donc qu’on ait des « noirs bouchés » dans les images brutes.
La situation dans Affinity Photo n’est pas la même pour les images pixel du Photo Persona ou pour les images raw du Develop Persona. Pour les premières, le filtre « Tons foncés/Tons clairs » a été le théâtre d’un drame très symptomatique vers les années 2016-17. Comme la première version de ce filtre avait le défaut de souvent générer des halos rédhibitoires, une nouvelle version était apparue avec la version 1.7 du logiciel. Las ! Certes il n’y avait plus de halo, mais on obtenait des images plates et voilées qui soulevèrent un tollé chez les utilisateurs, de sorte que l’éditeur rétablit la première version comme une option de ce filtre… et il n’y a pas eu d’évolution depuis. Aujourd’hui, il faut très prudent avec ce filtre, sinon on n’a qu’un choix inacceptable entre les halos ou l’image plate.
La situation semble meilleure dans le Develop Persona — du moins n’ai-je jamais vu de protestation véhémente à propos de l’outil concerné, le curseur « Tons foncés ». Toutefois, si on tente un débouchage vigoureux, l’expérience prouve qu’on retrouve le voilage inacceptable reproché à la nouvelle version du filtre…
Bah ! On admettra que le manuel ne dit pas tout, qu’il y a encore quelques petites opérations à faire pour achever le travail de débouchage. Mais, au bout du chemin, l’illustration ci-après montre clairement qu’on n’a rien à envier au grand Photoshop. On y voit l’image raw à déboucher en médaillon à gauche, puis ce qu’on peut faire avec Affinity et avec Photoshop. Dans les deux cas, je n’ai touché qu’aux réglages concernant les tons foncés (merci, donc, de ne pas prêter attention aux différences dans les parties claires de l’image).
Mon nouveau tuto explique la manœuvre. On peut y accéder
- depuis ma page sommaire http://www.ch22.fr/numeric/affinity_photo/contenu.html, chapitre 7, tuto 5, « Develop Persona, le réglage Tons foncés » (16 mn)
- ou bien par un lien direct http://www.ch22.fr/numeric/affinity_photo/ouvre2_tutoAP.html?7e
Au vu de notre illustration, on accordera que les deux logiciels conduisent sensiblement au même résultat pour le débouchage, nuances de couleur mises à part… Oui, mais si ça prend à peine une seconde dans Photoshop — juste un curseur à déplacer —, dans Affinity Photo… On a bien le même curseur, mais ce qui en sort dans le même temps n’est pas vraiment vendable. Ça se rattrape, la preuve, mais ça prendra bien de 30 secondes à plusieurs minutes selon votre expérience du logiciel. Mais bon, pour 10 fois moins cher, on peut accepter de travailler un peu plus !
En fait, la différence de couleurs sur les tons débouchés n’est pas un hasard. Affinity Photo pourrait donner les mêmes couleurs que Photoshop, mais l’étape finale de correction est un processus de bas niveau qui offre plusieurs options, et là, j’en ai préféré une autre. A l’opposé, la commande de Photoshop est un processus de haut niveau qui ne laisse aucun choix à l’utilisateur. Allons ! Affinity est peut-être aussi un produit pour des êtres raffinés…