Ah mes amis, je n’ai que peu de temps à consacrer en ce moment à ma carte postale. En effet, je suis en pleine zénitude, loin de la fureur de ce monde. Je me shoote aux vapeurs d’encens aux confins du Vietnam dans le temple de Chau Doc. Je vous dois cependant quelques explications. Figurez vous qu’au bout d’un périple fluvial mouvementé sur le Mékong, qu’il serait trop long de vous narrer ici, j’ai débarqué dans un haut lieu de pèlerinage bouddhiste, Chau Doc, ville bigarrée et grouillante de monde. Muni de mon vieux Polaroïd, j’ai commencé à mitrailler à tout va et là, j’ai vu que commençait à se former autour de moi un cercle de gens curieux et interloqués qui regardaient avec effarement sortir les images de l’appareil. Images un peu pâles au début, puis de plus en plus nettes et colorées. Il n’en fallut pas plus pour que la foule se jette sur moi et me porte en triomphe jusqu’au temple. Je ne comprenais rien à leurs exclamations en vietnamien mais j’ai vite réalisé qu’ils me prenaient pour un dieu. Il m’ont installé dans le temple bondé, au beau milieu des serpentins d’encens et ont commencé à me vénérer sans relâche. Je fis bonne figure, pas peu fier d’avoir ainsi si rapidement gravi les échelons du Nirvana. Quand je pense au mal que j’ai à imposer mon autorité à Lannion au sein du club. Misère ! A l’heure qu’il est, je ne sais pas trop si je retournerai un jour en Bretagne. C’est bon quand même de se sentir adulé. Allez, sans rancune aucune et à la prochaine …
Théophile Ronchoit