Figurez vous que, tout en cherchant fébrilement dans mes affaires une carte mémoire pour mettre dans mon appareil photo, je suis tombé par hasard sur mon téléphone mobile que j’avais totalement égaré. J’y tenais pourtant car il s’agit d’un modèle Nokia GSM dernier cri qui permet même d’envoyer des textos. Il lui restait encore un peu de batterie (bien que celle-ci soit en danger, après un si long abandon).

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je trouvai dans sa mémoire plusieurs textos récents émanant de notre chère présidente, me pressant de la rappeler d’urgence. Je m’exécutai illico (ce qui n’a rien à voir avec se faire hara-kiri, ne confondons pas tout) et ne tardai point à avoir notre chère présidente au bout du fil (ce qui est une pure et cocasse vue de l’esprit s’agissant d’un GSM 2G).

Bref, Celle-ci fut ravie de mon appel, me questionna sur mon long ermitage au sommet du Méné-Bré et me demanda, inquiète, si je n’avais pas attrapé un certain covid-19. J’ouvris de grands yeux ronds et lui demandai de quoi elle voulait parler. C’est alors qu’elle partit, avec véhémence dans une longue explication à propos d’une certaine pandémie, un genre de grippe pulmonaire très grave, qui aurait frappé la Terre entière et fait déjà un million de morts.

Elle m’a parlé du professeur Raoult, de la chloroquine, d’un futur vaccin et surtout d’un confinement généralisé auquel seraient soumis tous les français, et les autres aussi. Bref, un délire total ! Je la laissai terminer sa tirade tout en me disant qu’elle avait dû fumer sérieusement la moquette avant que je ne l’appelle. C’est bien triste quand on a la lourde responsabilité d’un club tel qu’OIT. A la fin, je pris mon ton le plus patelin et la rassurai en lui disant qu’ici tout allait bien, que le Méné Bré était toujours debout, que ma brebis paissait tranquillement autour de la chapelle Saint Hervé et que je m’apprêtais à photographier un superbe coucher de soleil sur un horizon flamboyant. Dans ces cas là, quand le délire prend de telles proportions, il faut toujours tenter de revenir à des choses simples et terre-à-terre.

Apaisée mais un brin décontenancée, elle en vint enfin au but de son appel désespéré. La fin de l’année 2020 approchait à grands pas et elle souhaitait que je n’oublie pas d’alimenter la gazette du MOIT (transformée en site web, faut vivre avec son temps) avec un article pertinent pour le nouvel an. Je lui répondis que, bien sûr, le fidèle Ronchoit serait au rendez-vous et ne manquerait pas de rédiger un article avec ses précieux conseils et des histoires à peine croyables.

Là-dessus, apparemment rassurée, elle prit congé tout en me conseillant, étrangement, d’allumer de temps en temps la radio pour prendre des nouvelles du vaste monde. Je lui promis de le faire, tout en lui conseillant à mon tour, avec beaucoup de tact, de prendre soin de sa santé, notamment psychologique, de ne pas se surmener et de consulter si besoin un bon médecin du côté de Bégard …

Maintenant, il va falloir que je retrouve, dans tout mon bazar, mon vieux poste de TSF pour pouvoir capter Paris-Inter. C’est la radio que je préfère car il y a peu de réclame et puis, j’aime bien le jeu des mille francs. Je vous dis donc à bientôt à travers la gazette et espère qu’après un si long silence, vous n’avez aucune rancune.

Votre toujours dévoué Théophile Ronchoit