Photographie artistique,
Photographie stroboscopique,
Photographie scientifique,
Photographie documentaire,
Photographie de nu,
Photographie de rue,
Photothérapie,
Photographie de mode,
Photographie aux infra rouges,
Photo.….

Cette liste (non exhaustive !) donne l’impression que la photographie a envahi tous les domaines de notre vie avec la prétention. Elle a eu, à ses débuts, la prétention de représenter avec fidélité la réalité. Le photographe est en réalité dans le fond de la caverne de Platon et ne peut voir et ne donne à voir que les ombres de la réalité qui nous échappera toujours(« Sur la photographie » Suzan Sontag).

Ainsi c’est bien le cas avec les selfies où le photographe interpose sa propre bobine entre l’appareil photo et le paysage ou environnement dans lequel il se trouve. C’est quand même de la photographie et cela donne même quelquefois, comme j’ai pu le voir à Nîmes, une belle

chorégraphie quand un couple, pour obtenir le meilleur point de vue et le meilleur éclairage, tourne longuement autour d’une fontaine et même escalade un muret pour réussir ce souvenir de voyage qui devra et sera sans doute inoubliable.

Cela donne aussi une belle chorégraphie quand c’est tout un groupe de 4 ou 5 voyageurs qui essaye de rentrer dans le selfie avec succès ou non, je ne le saurai pas.

Hormis les cas d’addiction tout cela est un jeu dont le principal moteur est le plaisir de prendre des photos (« Le mystère de la chambre claire » Serge TISSERON) et aussi un peu, voire beaucoup de narcissisme. Dans l’antiquité, dans une des versions du mythe de Narcisse, celui-ci, célèbre pour sa beauté et insensible à l’amour passionné de Echo, devient amoureux de sa propre image reflétée dans une fontaine. Il se languit devant son idole insaisissable et à l’endroit où il meurt pousse une fleur qui porte son nom.

Il est temps de réécrire le mythe de Narcisse dans la version 2.0, où celui-ci se mirera en permanence dans l’écran de son smartphone bourré de selfies. À sa mort, ne restera aucun nom de fleur et seulement un smartphone ou pauvre disque dur que déjà peut-être personne ne saura regarder ou lire !

Sauf si Narcisse 2.0 a pris soin de faire quelques tirages papier que ses enfants ou petits-enfants regarderont avec plaisir se remémorant les temps anciens.

Daniel GARDAN