Lors de notre réunion du 12 juillet, j’ai invité les participants à méditer sur un procédé d’artiste plasticien qui consiste à remplir une scène photographiée d’objets inattendus. La figure suivante en montre deux exemples :
L’œuvre de gauche est due à Cerise Doucède [1], une française née en 1987 à Toulon, qui a fait des études artistiques à Aix en Provence, puis Paris jusqu’en 2010, qui a remporté le concours Royal Monceau en 2012, puis le prix HSBC en 2013 et qui a manifestement bénéficié de la promotion liée à ce prix — avec notamment des articles élogieux dans la grande presse, dont celui du Point qui m’a permis de découvrir son travail. Ça m’a immédiatement rappelé ce que faisait Sandy Skoglund (ci-dessus à droite), des années auparavant, mais sur un mode plus léger, moins obsessionnel. Rien dans la com autour des expos de Cerise Doucède ne fait ce rapprochement, mais je ne suis pas le premier à avoir eu cette réaction puisque la galerie parisienne Inception avait organisé une expo conjointe Doucède-Skoglund dès 2012 [2]. Je n’ai toutefois recueilli aucune information sur une quelconque influence de travaux de l’une sur ceux de l’autre.
Sandy Skoglund [3] est une américaine née en 1946, qui a fait des études d’art jusqu’en 1972 (dont une année à la Sorbonne à Paris), puis qui s’est lancée dans une carrière de plasticienne. Les images répétitives qui lui ont valu une consécration internationale apparaissent autour de 1980. Elle a manifestement beaucoup exposé et beaucoup vendu dans les lieux les plus prestigieux de la planète (dont le musée Pompidou), mais, curieusement, on ne trouve quasiment aucun détail à ce sujet sur le web et notamment sur son propre site. Elle a eu constamment une grande activité d’enseignement sur l’art. Elle avait notamment enseigné à l’institut Paul Getty et était à l’origine de nombreuses pages web que j’avais remarquées dans les années 2000… et qui ont maintenant totalement disparu avec l’évolution de cet institut. À croire que j’ai rêvé. Ô misères de la toile !
Références :
[1] le site web de Cerise Doucède
[2] présentation de l’expo conjointe Doucède-Skoglund
[3] le site web de Sandy Skoglund
Addendum
Pour la petite histoire, j’avais commencé la réunion avec une image beaucoup plus humble due à Jacques Dassié, anciennement spécialiste d’archéologie aérienne (http://archaero.com/ ) , qui avait été réveillé une nuit par une des pluies diluviennes de ce début d’année et qui avait eu la curiosité de donner un coup de flash par sa fenêtre.
On conviendra que l’attrait de cette image repose sur le même procédé graphique, mais aussi bien, on peut se demander ce que l’on voit. C’est évidemment lié aux gouttes de pluie, mais ça ne peut pas être ces gouttes elles-même. Normalement, dans la zone de netteté de la photo, une goutte ne peut se manifester que par le reflet du flash et c’est un simple point très lumineux ; toutefois, quand on s’approche trop de l’appareil, ces points lumineux sont élargis par le flou de défaut de mise au point (bokeh) et c’est très vraisemblablement ce qu’on voit dans cette image.