Photo numérique, tirage papier ?

Que restera-t-il des photos que l’on prend ?

On les pense bien à l’abri dans les ordinateurs, smartphones, tablettes, et disques durs externes.

Le sont-elles réellement ? On dit et on répète que dans quelques années on ne pourra plus lire les fichiers qui sont créés maintenant.

Mais pas besoin d’attendre si longtemps :
Voilà qu’un jour le smartphone tombe à l’eau.
L’ordinateur voit son disque dur « bugger » et impossible de parvenir à reconnecter le disque externe de sauvegarde, dans lequel toutes les photos, sont bien là, dans le désordre le plus complet (c’était par précaution, n’est-ce pas, puisque de toute façon, ce genre de problème n’arrive jamais avec un ordinateur). Ça y est, il se reconnecte, comme on dit « il monte » enfin ! mais il n’y a pas que cela qui monte, rien que de penser à tout remettre en ordre, un complet découragement monte aussi.

Un jour peut-être, cela vaudra la peine de s’y mettre pour essayer de retrouver quelque chose.

Du coup il est urgent de faire d’autres photos, mais les souvenirs des bons moments passés, s’ils ne sont pas tous effacés, sont introuvables.

Et de toute façon, ces fichiers, avec qui les partage-on ?

Est-ce qu’on les regarde et surtout est ce que l’on en discute encore avec la famille, les amis ? Parfois oui, un moment juste après les avoir faits, on les montre sur un écran d’appareil photo ou de smartphone : « Regarde, elle est chouette ? » « Oui, très chouette », la plupart du temps l’ami questionné n’a rien vu car l’écran était en biais et au soleil, et de toute façon, il s’en fiche.

Ou alors, on recommence à faire des projections, comme au bon vieux temps (on a abandonné le vieux projecteur de diapo qui ronronnait, maintenant on a un vidéo projecteur, qui ronronne moins).
C’est beau, les couleurs claquent, mais comme les diapos dans leurs boites au bas du placard, les photos resteront ensuite dans l’ordinateur.

Alors que, quel plaisir ou nostalgie, quand suite à des rangements, ou à un déménagement, l’on retrouve au fond d’un tiroir ou dans des cartons, des photos papier de nos jeunes années, de celles de nos parents, grands-parents ou bien d’inconnus.
Parfois quelqu’un a pris la précaution d’écrire au dos un nom, un prénom, ou une date.
Il y a aussi ces albums faits avec amour et si souvent feuilletés, que les coins sont un peu jaunis à l’endroit où les doigts tournaient les pages.
« C’est la tante Berthe ? oui et c’est le cousin Jules à côté. C’est vrai il avait un grand nez et elle jouait de la clarinette », ou c’était l’inverse ?
« Pas de doute leurs enfants leur ressemblent, la cousine Josine a le même nez, mais elle ne joue pas de clarinette ».
Les photos ont jauni parfois, les couleurs changé ou pâli, mais qu’importe, le souvenir est toujours présent. « Ce n’est pas possible que j’ai mis une robe de cette couleur et regarde le chapeau de ta mère… » « Je me souviens de ce chemisier, c’était la première fois que je le mettais ».

Petits souvenirs simples, mais qui font parfois monter en nous une bouffée de bonheur.
On partage ces souvenirs avec ceux à nos côtés.

Les partage-t-on autant quand ce ne sont que des fichiers sur un ordinateur ?

On prend facilement un album sur une table, mais prend on la peine d’ouvrir son ordinateur (d’accord c’est plus facile avec les tablettes) ?

Sur l’écran, les photos passent vite, si vite.
Et puis on en prend tellement, tellement…

Sur les photos les plus anciennes, les personnages nous regardent, un peu figés et pas très souriants, dur de tenir la pose de longues minutes à l’époque. Des gens très chics dans leurs beaux habits, les enfants potelés sur des peaux d’ours, petit à petit, quand les clichés deviennent de moins en moins anciens, les poses et les sujets changent, on voit des groupes devant leurs commerces ou leurs maisons.
Des scènes de la vie de tous les jours apparaissent, des ouvriers, des ouvrières des villes, des campagnes.
Les travaux des champs. Dans le temps, il y a…..quelques années déjà, l’on avait tous de la famille à la campagne.
Des gens avec des machines aujourd’hui inconnues, des métiers qui n’existent plus.

C’est l’Histoire que l’on regarde, la petite histoire des gens simples et notre histoire, nos histoires, notre vie.
Des animaux, des enfants, des vieillards, tous revivent un moment quand l’on regarde ces anciennes photos.
Mais les photos de paysages aussi font parler « mais où est-ce ? Mais si c’est là, maintenant il y a une route et sur la gauche une grande maison » ou bien, « les arbres ont grandi, mais cela n’a pas tellement changé, finalement » « tiens il y avait déjà une boutique là » « bien sûr, c’est là que j’allais acheter des roudoudous, quand j’étais petit, tu n’as qu’à demander à ta grand-mère, c’est là qu’on s’est connus ».
Des parties de campagne, puis les premières vacances, « t’as vu la voiture ! » « et le maillot de bain alors ! », « ils avaient l’air de s’amuser ».

Que va-t-il rester des photos que l’on fait maintenant, combien d’entre nous prennent le temps de les imprimer, de faire des albums ou plus récemment d’éditer des livres.
Vont-elles sombrer dans l’oubli ?

Nous sommes si fiers quand nous réussissons une belle image, mais si nous ne prenons pas la peine de l’imprimer, bien sûr elle sera vue un moment, par un petit groupe de personnes, mais dans quelque temps, cela sera comme si elle n’avait pas été faite.
Quand nous serons partis, elles disparaîtront aussi, car ce n’est que dans notre mémoire qu’elles auront existé.
Notre famille ne passera plus de bons moments à les regarder, il n’y aura plus de bons souvenirs ravivés par un instantané……..